SYMPHOS 2017

Quand l'innovation naît du mariage de la science et de l'industrie

L'OCP rassemblait à Benguérir, du 8 au 10 mai, les acteurs internationaux des phosphates, autour de l'innovation au service de l'agriculture durable. Un rendez-vous devenu incontournable pour industriels et scientifiques.

C'est la grand messe de la recherche et développement dans le domaine des engrais. Avec le Groupe OCP en chef d'orchestre, du 8 au 10 mai, l'Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) de Benguérir accueillait dans ses locaux flambants neufs la quatrième édition du Symposium international sur l’innovation et la technologie dans l’industrie des phosphates : SYMPHOS 2017. Près de 1200 participants - scientifiques, ingénieurs, industriels étudiants, collaborateurs de l'OCP – ont assisté à cette édition placée sous le signe de "l'innovation au service de l'agriculture de demain". "Nous n'attendions pas autant de participants.

C'est la preuve qu'en quatre éditions biennales, SYMPHOS est devenu un rendez-vous incontournable pour les acteurs de l'industrie des phosphates et de ses dérivés," se réjouit Driss Dhiba, vice-président en charge de la recherche et développement au sein du Groupe OCP.

Innovation

Innovation à tous les étages

Sous la grande verrière de l'université, 150 exposants présentent leurs solutions innovantes et échangent les bonnes pratiques. De la mine de phosphates à l'épandage des engrais dans les cultures, l'innovation est partout, tout au long de la chaine de valeur de la production d'engrais. Ci, un caoutchouc plus résistant développé par le groupe allemand Rema TipTop pour les immenses pneus des colossaux camions qui descendent dans la mine. Là, un variateur de vitesse de la société ABB qui permet d'économiser près de 30 % de l'énergie des pompes. Ou encore l'utilisation de l'internet des objets industriels (IOTI) par les Finlandais de Flowrox pour permettre au directeur d'usine comme au PDG du groupe de suivre les performances de la production... depuis son smartphone!

"Notre industrie a besoin d'innover pour évoluer. Un évènement comme celui-ci permet aux uns et aux autres de se rencontrer, et d'y contribuer", explique Osagie Sylvester Aigbe, ingénieur consultant chez Wengfu Group, le concurrent chinois - quoique challenger - d'OCP Group. Sa présence peut surprendre, mais durant le SYMPHOS 2017 on est loin de l'esprit de l'espionnage industriel. Au contraire. C'est dans les amphithéâtres de l'UM6P

Notre industrie a besoin d'innover pour évoluer. Un évènement comme celui-ci permet aux uns et aux autres de se rencontrer, et d'y contribuer

Osagie Sylvester Aigbe, ingénieur consultant chez Wengfu Group

tellement modernes qu'on n'en reviendrait presque sur les bancs de la fac, que des chercheurs issus des meilleurs instituts présentent les résultats de leurs recherches. 150 conférences d'une vingtaine de minutes s'enchainent ainsi aux sonorités des accents anglophones du monde entier. C'est parfois pointu. Et au cours d'une présentation sur "l'utilisation des micro algues comme bio stimulant pour la tolérance des usines au stress salin", seul les spécialistes concernés prêtent réellement une oreille attentive.

En revanche, qu'il s'agisse d'activité minière, de maintenance industrielle, d'emploi des engrais dans l'agriculture, d'économie d'énergie ou de chimie appliquée, même le non-initié se rend bien compte qu'il assiste à la formidable rencontre entre la science et l'industrie. Que ces formules que des professeurs américains, singapouriens ou émiratis affichent sur grand écran, sont autant de solutions éprouvées dans des laboratoires qui trouvent des applications concrètes pour décider du design le moins gourmand en énergie d'une usine à Jofr Lasfar, du type d'engrais à répandre sur l'exploitation d'un agriculteur guinéen, ou encore du procédé chimique à adopter pour produire des fertilisants avec une consommation d'eau moindre au Nigéria. "SYMPHOS 2017 est l'endroit parfait pour permettre aux industriels de voir où en est la recherche, et aux scientifiques de comprendre les défis auxquels sont confrontés les industriels," nous déclare le professeur Bruce E. Rittman de l'Arizona State University à l'issue de sa présentation intitulée "L'emploi des biotechnologies pour fabriquer des engrais phosphatiques plus durables".

Aujourd'hui

Aujourd'hui pour demain

Parmi ses auditeurs les plus attentifs, Mohamed Bayad et Abdelkrim Lachgar prennent scrupuleusement des notes. A 26 et 29 ans, ils font partie de la douzaine de doctorants de l'UM6P qui vont quitter quelques temps le Maroc pour parfaire leur formation dans les meilleures facultés internationales partenaires, puis revenir pour former le corps professoral de l'université de Benguérir. "On a enfin trouvé le moyen de faire la recherche au Maroc. On touche un salaire équivalent à celui d'un ingénier d'état et nous avons les meilleurs équipements à notre disposition ici, à une heure de Marrakech," s'enthousiasment-t-ils. Et il y a de quoi. En partenariat avec le MIT de

Boston, ils mènent notamment un programme de recherche très concret baptisé Climate Smart Agriculture. "L'idée c'est de faire des simulations de changement climatique, en prenant également en compte la hausse de la population, pour établir les critères d'une agriculture capable d'assurer la sécurité alimentaire en Afrique ", détaillent-ils. Sur le stand de l'université, ils détaillent leurs calculs pour un modèle appliqué à l'Ethiopie. Le modèle pour le Maroc est en passe d'être finalisé, viendront ensuite ceux d'une dizaine de pays africains.

L'innovation, c'est comme escalader une montagne. C'est dur, mais ça vaut le coup.

Pr. Seeram Ramakrishna

Invité d'honneur, s'il en est parmi les professeurs émérites présents, le professeur Seeram Ramakrishna de la National University of Singapore promeut l'innovation en démontrant comment son pays - qui n'était il y a cinquante ans qu'un village de pêcheurs - l'a utilisé au service de la durabilité pour devenir aujourd'hui une puissance économique où se concentre la plus forte densité de population du globe. Il conclut sa présentation en disant que "l'innovation, c'est comme escalader une montagne. C'est dur, mais ça vaut le coup." En organisant ce genre de rencontre, l'OCP réaffirme aussi son engagement pour la promotion de l’innovation technique et industrielle au service de l’agriculture durable. Mais, pour filer la métaphore du professeur Ramakrishna, le leader mondial des phosphates démontre aussi que la recherche est comme un champ de céréales : avec la bonne dose d'engrais, elle nourrira plus de monde.

SYMPHOS 2017 en chiffres

  • 0Éditions
  • 0Participants
  • 0Exposants
  • 0Conférences

Innovation coup de cœur:La carte de fertilité des sols africains

Partant du constat que la superficie des terres arables africaines se réduit en même temps que la population augmente et que 60 % des terres arables africaines ne sont pas cultivées, on comprend l’importance que les terres effectivement cultivées atteignent leur rendement optimum afin d’assurer la suffisance alimentaire du continent. "Si un agriculteur a besoin d’un engrais à base de nitrogène, de phosphore, de potassium, de bore et de zinc, mais qu’il répand un engrais qui n’a pas la bonne proportion de chacun de ces éléments, c’est la récolte qui est directement impactée. Car il faut le bon mélange, pour le bon sol, afin d’obtenir le bon rendement," explique Babasola Ajiboye, responsable des projets stratégiques au département d’agronomie d’OCP Africa.

Afin de déterminer quels types d’engrais à disperser à quel endroit, OCP mène un vaste programme pour étendre le modèle de carte de fertilité des sols marocains à tout le continent. En s’associant aux meilleures universités locales et instituts de recherche internationaux, en utilisant des images satellites de la NASA et des données géostatistiques, ce sont notamment 5 millions d’hectares au Nigéria et 2 millions en Côte d’Ivoire qui ont été passés au peigne fin. L’OCP est désormais capable de diagnostiquer la quasi-totalité des terres arables africaines à 250 mètres, mais l’objectif est de couvrir 100 % des terres arables africaines... à trente mètres près ! Un vrai défi ensuite d’acheminer le bon engrais au bon moment, au bon endroit.

Le saviez-vous ?

Les trois chiffres indiqués sur les sacs d'engrais représentent, dans l'ordre, les pourcentages d'azote (N), de phosphore (P) et de potassium (K) contenus dans l'engrais. On ajoute parfois les pourcentages de calcium (Ca), de magnésium (Mg), de soufre (S) et de certains oligo-éléments. Exemple : L'engrais 15-15-30 contient 15 % d'azote, 15 % de phosphore et 30 % de potassium.

SYMPHOS 2017
en Video

"L'innovation est l'affaire de tous"

Driss DhibaVice-Président en charge de la recherche et développement

Quels défis doit relever la R&D dans un groupe comme l’OCP ?

OCP ambitionne de développer une R&D de classe mondiale, en lien avec sa stratégie et avec la dynamique de transformation visant la création pérenne de valeur. Pour ce faire, notre R&D est structurée selon une architecture favorisant l’innovation, la collaboration et l’intelligence collective. Elle s'appuie sur des synergies avec l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) de Benguérir, récemment inaugurée par Sa Majesté Mohammed VI.

Le slurry pipe pour le transport des phosphates est un exemple de défi relevé par notre écosystème "R&D–Innovation". De même, les procédés industriels actuellement en opération, comme la flottation des phosphates par exemple, sont sortis de nos laboratoires de recherche. La diversification et le développement de nouveaux produits sont également le fruit de la R&D. Les engrais enrichis et les "smart fertilizers" notamment, s'adaptent à la fois au sol, à la pratique agricole et à la chaine logistique, tout particulièrement en Afrique.

Notre activité R&D couvre donc aussi le développement durable, et s'étend, au-delà de l'agriculture, aux énergies renouvelables, au dessalement d'eau de mer, au traitement des eaux...

Au total, OCP alloue plus de 1% de son chiffre d’affaire à la R&D, dans un secteur où la moyenne mondiale est de 0,8%.

Tous vos fournisseurs et partenaires présents au Symphos 2017 ont en fait des solutions innovantes. Alors qu’apportez-vous, OCP ?

Nous nous réjouissons de voir que nos fournisseurs innovent ! L’innovation est une affaire de tous, d’émulation mais aussi de dialogue et d’écoute entre OCP et son écosystème. Ces solutions innovantes sont le fruit d’effort conjugués et d’échange permanent avec eux, qui leur permettent d’intégrer nos besoins

Symphos 2017 est l’endroit parfait pour permettre aux industriels de voir où en est la recherche, et aux scientifiques de comprendre les défis auxquels sont confrontés les industriels.

Pr. Bruce E. Rittman

dès la conception de nouvelles solutions ou technologies. De même, nous menons souvent ensemble des essais industriels pour tester ces solutions ou les améliorer dans un esprit win-win, qu'il s'agisse du choix des matériaux d’une pompe ou de la conception d’un agitateur par exemple.

Partenariat avec l'UM6P, Symphos... tout ça ne profite pas uniquement à l’OCP. Quelles responsabilités incombent au groupe dans son secteur ?

OCP met ses ressources humaines, son savoir-faire presque centenaire et son écosystème R&D au service du développement d’une agriculture durable comme en témoigne le thème du SYMPHOS 2017, "Innovation to drive tomorrow’s sustainable agriculture". OCP a lancé une quarantaine de partenariat avec les universités marocaines pour développer une recherche de pointe autour des phosphates. Ce sont ainsi une soixantaine de doctorants et post-doctorants qui travaillent au sein d'un réseau de plus de 100 chercheurs marocains.

Tout récemment, OCP a lancé avec l’Ecole des sciences de l’Agriculture, des Fertilisants et de l’Environnement (ESAFE) au sein de l'UM6P, un Master en sciences et technologie des engrais. Ces partenariats permettent aux universités de développer le savoir autour des phosphates et ainsi de former les chercheurs et ingénieurs de demain capables d’innover et d’exceller.

OCP met son écosystème R&D au service du développement d’une agriculture durable.

Driss DhibaVice-Président en charge de la recherche et développement

Quelques innovations

Quelques innovations présentées au SYMPHOS 2017

Les commandes de l'usine dans sa poche. La société finlandaise Flowrox a utilisé l'Internet des objets (IoT) appliqué à l'industrie pour rendre ses pompes et ses valves vraiment "smart". Les composants du circuit industriel collectent des données qu'ils transmettent à un serveur. Du technicien au top management, pour un simple contrôle, une opération de maintenance, ou une analyse des performances approfondie, l'utilisateur consulte ces données sur une interface intuitive... depuis son smartphone.

Ne pas perdre un seul kilowattheure. ABB développe des variateurs électroniques de vitesse. Ces boitiers régulent la vitesse d'un moteur électrique en faisant varier la fréquence et la tension du courant. Alors que l'industrie consomme un quart de l'électricité mondiale, ces dispositifs permettent de faire des économies considérables. En participant aux progrès de l'électronique de puissance, ABB est parvenu à réduire le coût et la taille de ces dispositifs pour que leur emploi se généralise.

OCP–MIT

OCP–MIT Une longue histoire d'amour

A l'occasion d'une intervention en 2014 de Mostafa Terrab à l'école de management du MIT, la MIT Sloan, le MIT écrit sur son site internet que "l'OCP a une relation longue et établie avec la MIT Sloan, notamment la MIT Sloan exécutive et la MIT Sloan Executive Education. Terrab travaille aussi avec de nombreux membres du MIT sur des questions de durabilité." Dans une autre vie, le président-directeur général du groupe OCP a été professeur assistant et chercheur au Massachusetts Institute of Technology (MIT). Aujourd'hui, au-delà de leur alumni, l'institution de Boston et l'OCP entretiennent des liens étroits en multipliant les partenariats. L'Université Mohammed VI Polytechnique collabore avec le MIT aussi bien sur des projets de recherches que pour la formation des doctorants marocains. Des cadres de l'OCP vont parfois y suivre un programme de formation continue. L'office a aussi co-organisé en 2014 à Marrakech le MIT Global Startup Workshop, une conférence de 300 futurs leaders consacrée à la promotion de l’entreprenariat et à l’innovation.